Par Bertrand Helme-Guizon, partenaire associé 37.5 expert en Digitalisation et Système d’Information.
Une transformation essentielle, mais périlleuse
La digitalisation est aujourd’hui un impératif stratégique pour les entreprises, promettant des gains significatifs tels que la réduction des coûts opérationnels, l’amélioration de l’expérience client et l’automatisation des tâches répétitives. Cependant, la réalité est plus nuancée. Selon une étude de McKinsey, environ 70% des projets de transformation digitale n’atteignent pas leurs objectifs initiaux, entraînant des surcoûts et des impacts négatifs sur les organisations (Essca Digital).
Perspective économique
Les investissements massifs dans des technologies inadaptées aux besoins spécifiques des entreprises conduisent souvent à des dépassements budgétaires. Selon la Harvard Business Review et l’Université d’Oxford, le taux d’échec des programmes de transformation se situe entre 67% et 95%, avec une moyenne de 87,5%.
Ces dérives affectent particulièrement les PME, moins aptes à absorber de tels écarts.
Satisfaction des parties prenantes
Les clients, censés bénéficier en premier lieu de ces projets, expriment souvent leur frustration. Selon une étude, 64% des consommateurs se disent frustrés par des expériences numériques complexes ou incohérentes (IT Social).
Du côté des collaborateurs, 50% estiment que les nouveaux outils digitaux alourdissent leur charge de travail, en raison d’une formation insuffisante ou d’une mauvaise intégration dans les processus existants (Xerfi 2022).
Souffrance organisationnelle
Les échecs de digitalisation ont également un impact humain significatif. Une étude de 2019 des Échos indique que 39% des salariés impliqués dans des projets de transformation digitale ressentent un niveau élevé de stress lié aux changements imposés.
Cette situation peut entraîner un turnover accru, affaiblissant la capacité de l’entreprise à réussir sa transformation.
Transformation
Ces données mettent en lumière le paradoxe de la digitalisation : bien qu’essentielle pour la compétitivité, elle comporte des risques majeurs si elle est mal planifiée et exécutée. Les entreprises, pressées d’obtenir des résultats, négligent souvent des étapes cruciales telles que l’analyse, la formation et le pilotage.
La digitalisation n’est pas une simple modernisation technologique, mais une transformation profonde, qui si elle est mal maîtrisée, peut avoir des effets négatifs durables sur les processus métiers et la satisfaction des parties prenantes.
Nous détaillerons prochainement, dans 6 nouveaux articles illustrés par des cas concrets, les principales raisons qui rendent difficile une digitalisation réussie, ainsi que les solutions pour se préparer à les circonscrire :
- Refuser l’illusion d’une transformation rapide et universelle
- Anticiper la complexité des processus métiers mal appréhendés
- Évaluer avec justesse l’impact sur l’expérience utilisateur
- Estimer une gestion de projet réaliste et alignée sur les enjeux
- Prévoir une architecture technique évolutive
- Positionner les enjeux humains à leur vraie place
À suivre donc !
Pour aller plus loin :
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